Projet Chelis

Conservation des Habitats et des Espèces

du Littoral du Sud de La Réunion  (CHELiS)

A l’origine, les falaises de Petite-Île recueillaient de nombreuses espèces végétales et animales indigènesespèce animale, végétale ou tout autre type d’organisme vivant dont l’origine naturelle correspond à un territoire spécifique. Elle se trouve dans un écosystème de façon naturelle, sans intervention humaine. Elle n’est pas spécifique à un unique territoire. et endémiquesespèce qui se trouve exclusivement dans une région géographique spécifique et qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde. Elle est le résultat d’une évolution isolée d’une espèce indigène et souvent liée à des facteurs géographiques, climatiques ou géologiques particuliers. de La Réunion. Ces écosystèmes, caractéristiques des milieux de basse altitudeHabitats forestier qui occupe les basses pentes au vent depuis la zone adlittorale jusqu’à 400-500 m d’altitude. Le climat y est chaud (24° C de moyenne annuelle). Entre l’est et l’ouest de l’île, on distingue respectivement les forêts humides et les forêts semi-sèches., ont été fortement dégradés et fragmentés par l’activité humaine et la présence d’espèces exotiqueségalement appelée espèce introduite, étrangère, non indigène ou exogène, est une espèce étrangère qui a été introduite dans une zone en dehors de sa distribution naturelle. Cette introduction est généralement due à des causes humaines, qu’elles soient volontaires ou involontaires. et envahissantesespèce exotique qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces indigènes sur le territoire d’introduction. (EEE). Aujourd’hui, et malgré la dégradation du milieu, des reliques de végétation littorale persistent et abritent diverses espèces indigènes et endémiques (dont des espèces rares). C’est le cas du Gecko vert de Manapany, pour lequel deux des dernières populations naturelles sont localisées sur les falaises. Celles-ci constituent également un site de reproduction et de nidification de trois espèces d’oiseaux marinsoiseau qui possède un cycle de vie en mer ou sur les côtes maritimes (pour se nourrir) et sur la terre (pour la reproduction). Il possède des adaptations lui permettant de vivre sur terre et en mer (pattes palmées, glandes à sel, etc.). Certains oiseaux marins effectuent de longues migrations hors période de reproduction.. Grâce au projet CHELiS, l’AVE2M et Nature Océan Indien (NOI) visent à limiter la prolifération des espèces exotiques tout en mettant en œuvre la restauration écologique des falaises afin de protéger les espèces fragiles qu’elles hébergent.

La faune indigène et endémique des falaises de Petite-Île à préserver

Toutes ces espèces sont protégées par l’arrêté ministériel de février 1989.

Le Gecko vert de Manapany

(Phelsuma inexpectata)

Le Gecko Vert de Manapany est endémiqueespèce qui se trouve exclusivement dans une région géographique spécifique et qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde. Elle est le résultat d’une évolution isolée d’une espèce indigène et souvent liée à des facteurs géographiques, climatiques ou géologiques particuliers. de la région Sud de La Réunion. Son aire de répartition totale correspond à une fine bande littorale de 11km située entre Saint-Joseph et Saint-Pierre. Il est reconnaissable par le croissant de lune bleu présent sur son museau et les deux bandes blanches connectées à chacun de ses yeux. Les adultes peuvent atteindre une longueur de 13 cm. Ce gecko est en danger critique d’extinction (CR) au niveau mondial et fait partie des deux dernières espèces de geckos indigènes de La Réunion. Il fait également l’objet d’un Plan National d’Actions (PNA)outil stratégique opérationnel qui vise à assurer la conservation ou le rétablissement dans un état de conservation favorable d’espèces de faune et de flore sauvages menacées ou faisant l’objet d’un intérêt particulier. sur la période 2020 – 2029.

Le Paille-en-queue à brincs blancs

(Phaeton lepturus)

Le Paille-en-queue à brins blancs est un oiseau marin nicheur indigèneespèce animale, végétale ou tout autre type d’organisme vivant dont l’origine naturelle correspond à un territoire spécifique. Elle se trouve dans un écosystème de façon naturelle, sans intervention humaine. Elle n’est pas spécifique à un unique territoire.supplémentaire. de La Réunion.  On peut l’apercevoir un peu partout sur l’île et tout au long de l’année (saison de reproduction continue). Les adultes peuvent atteindre une longueur de 82 cm et avoir une envergure de 95 cm. Leur corps est blanc avec des étendues de noir sur le dos et les ailes, ils ont un « sourcil » noir en travers de l’œil, un bec pointu jaune et une queue blanche prolongée par deux très longues rectrices blanches, noires à la base.

Le Puffin du Pacifique

 (Ardenna pacifica)

Le Puffin du pacifique est, comme le Paille-en-queue à brincs blancs, un oiseau marin nicheur indigène de La Réunion. Néanmoins, ses populations sont plus localisées et la plus grande colonie est située à Grande Anse. Ils sont présents sur l’île de septembre à avril par la reproduction. L’adulte est totalement brun, ses ailes, sa tête et sa queue sont plus sombres. Ses pattes sont entièrement roses. Il peut atteindre une taille de 39 cm et avoir une envergure de 104 cm.  Le Puffin du Pacifique est classé comme « Quasi-menacé » (NT) à l’échelle nationale.

Le Noddi brun

(Anous stolidus)

Le Noddi brun fait lui aussi partie des oiseaux marins nicheurs indigènes de La Réunion retrouvé sur les falaises de la commune de Petite-Île. Il niche principalement sur la face escarpée de la « Petite-Ile » et minoritairement dans d’autres falaises de l’île. Sa nidification a lieu en décembre et janvier. Le plumage du Noddi brun est marron foncé, le bout de ses ailes et sa queue sont quasiment noires. Son front et le haut de sa tête sont gris-blanc et sa paupière inférieure est blanche. L’espèce est elle aussi classée comme « Quasi-menacée » à La Réunion.

La flore indigène et endémique des falaises de Petite-Île à renforcer

Le Vacoa

(Pandanus utilis)

Le Vacoa est une espèce indigène de La Réunion et fait partie de la végétation « type » retrouvée sur le littoral. Parmi la végétation littorale, le Vacoa est l’une des plus prisées par le Gecko Vert de Manapany. La densité de son feuillage et les nombreuses crevasses retrouvées dans son tronc constituent un lieu favorable tant pour la nidification que pour le refuge du Gecko. La largeur de ses feuilles et leur résistance lui permettent de s’y percher pour ses bains de soleil (thermorégulation). Par ailleurs, lors de la floraison et de la fructification, les fleurs de l’arbre, les abeilles qui viennent les butiner et ses fruits constituent une ressource alimentaire importante pour le gecko.

Le Latanier rouge

(Latania lontaroides)

Le Latanier rouge est un palmier endémique de La Réunion en danger critique d’extinction au niveau mondial. Il est protégé par l’arrêté ministériel d’octobre 2017 et il fait actuellement l’objet d’un PNAoutil stratégique opérationnel qui vise à assurer la conservation ou le rétablissement dans un état de conservation favorable d’espèces de faune et de flore sauvages menacées ou faisant l’objet d’un intérêt particulier sur la période 2021 – 2025. Comme le Vacoa, il constitue également un habitat favorable pour le Gecko Vert de Manapany (refuge, alimentation et insolation) et fait partie de la végétation caractéristique des milieux de basse altitude à La Réunion. En raison de divers facteurs (déforestation, disparition des disséminateurs, installation des EEE), de nos jours cette espèce est devenue très rare en milieu naturel. Néanmoins, l’espèce a été largement multipliée et replantée sur l’île.

Le Bois d’ortie

 (Obetia ficifolia)

Le Bois d’ortie est un arbuste endémique des Mascareignes qui est en danger d’extinction (EN) au niveau mondial. Il est également protégé par l’arrêté ministériel de 2017. Comme son nom l’indique, celui-ci présente des feuilles urticantes. Cette espèce était elle aussi caractéristique de la végétation de basse altitude. Aujourd’hui, elle est rarement retrouvée en milieu naturel. Les feuilles du Bois d’ortie sont larges et constituent un excellent support d’insolation pour le Gecko Vert de Manapany.

La Saliette

(Psiadia retusa)

La Saliette est une espèce endémique de La Réunion qui est considérée comme étant « vulnérable » (VU) au niveau mondial. C’est une espèce caractéristique de la végétation littorale. Aujourd’hui, on la rencontre moins couramment en milieu naturel. La Saliette produit une source d’alimentation (nectar de ses fleurs) et constitue également un support d’insolation pour le Gecko Vert de Manapany (feuilles coriaces).

Historique des actions de conservation mises en œuvre

Depuis 2012, l’association Nature Océan Indien (NOI) et le Conservatoire Du Littoral (CDL) œuvrent pour la protection, la restauration et la reconnexion des deux populations de Gecko vert de Manapany et, de façon plus générale, pour la restauration écologique des falaises de Manapany. Le projet CHELiS s’inscrit dans la continuité de cette démarche et vise également à assurer la protection des oiseaux marins nicheurs des falaises tout en élaborant un plan de gestion approprié des différents sites concernés. Durant le projet CHELiS, NOI est chargée des actions de restauration écologique des falaises, ainsi que des actions de contrôle des populations d’invertébrés exotiques. En effet, ces actions avaient déjà été amorcées par l’association à travers un stage de Master 1 (avril – juin 2023) et un projet d’urgence pour le contrôle de la Fourmi folle jaune (Anoplolepis gracilipes) déposé auprès du Fonds vert en mai 2023.

Quel est le rôle de l’AVE2M dans ce projet ? Principalement de mener des actions de lutte et de contrôle de la faune invasive (voir les détails ci-dessous).

Contrôle des populations d’EEE

Les rats

Le Surmulot (Rattus norvegicus) et le Rat noir (Rattus rattus) ont été introduits involontairement par l’Homme lors de la découverte de La Réunion (voyageurs clandestins dans les bateaux). Ils sont connus pour être très envahissants, nuisibles et sont une véritable menace pour les oiseaux marins. Ils se nourrissent principalement des œufs et, comme les oiseaux marins ne pondent généralement qu’un œuf par an, ils réduisent considérablement la pérennité des populations.

Afin de réduire cet impact, des campagnes de dératisation sont organisées trois fois par an. Lors de ces campagnes, les secteurs sont quadrillés avec des boîtes d’apppâtage sécurisées contenant du raticide. Des pièges à percussion, létaux sont également en phase de test durant ce projet.

La musaraigne musquée

(Suncus murinus)

La Musaraigne musquée fait partie des prédateurs potentiels du Gecko vert de Manapany. Lors de campagnes de dératisation « test » qui avaient été réalisées historiquement sur site, l’hypothèse d’un effet de « relâche » avait été émise. C’est-à-dire que la diminution des densités de rats induit l’augmentation de la densité d’autres prédateurs comme la musaraigne, entraînant des conséquences non souhaitées sur la démographie des geckos. Le contrôle des populations de musaraignes vise donc à limiter cet impact. Ce contrôle est réalisé par piégeage, avec des pièges non appâtés et non létaux, de type INRA.

Les chats harets/errants

 (Felis catus)

Le chat a été introduit à La Réunion lors de l’époque coloniale comme moyen de lutte contre les rats à bord des navires. Aujourd’hui, les chats peuplent l’île en raison des différents abandons et sont présents à la fois en milieux urbains et naturels.
Dans les milieux naturels, les chats peuvent se nourrir de proies comme les oiseaux et les geckos. Ces chats sont également appelés chats harets et représentent aujourd’hui une menace pour la faune indigène et endémique de l’île.

Afin de lutter contre cette menace, des campagnes de capture des chats harets sont menées à proximité des zones à enjeux (présence d’espèces sensibles). Deux campagnes sont réalisées par an sur les différents sites concernés. Ces campagnes ont lieu durant les phases où ces espèces menacées sont le plus vulnérable à la prédation afin de favoriser leur survie. En fonction des besoins des captures opportunistes peuvent être organisées.

32 CHATS CAPTURÉS DEPUIS LE DÉBUT DE L’ACTION

L’errance animale en milieux urbains alimente malheureusement les populations de chats errants des espaces naturels. Des actions de sensibilisation sur le sujet sont menées auprès des habitants, touristes ou usagers des secteurs avoisinants les zones à enjeux (Grande Anse, Chemin neuf et Manapany).

Une action de stérilisation et d’identification des chats domestiques est également menée auprès des résidents de ces trois secteurs pour stopper la prolifération des animaux vers les milieux naturels et ainsi mieux gérer l’errance animale dans ces secteurs à fort enjeux environnementaux.

Un couple de chats non stérilisés peut engendrer (avec ses descendants) 20 736 chats en 4 ans.

14 CHATS STÉRILISÉS DEPUIS LE DÉBUT DE L’ACTION

Les oiseaux et les reptiles

Les oiseaux et les reptiles exotiques représentent eux aussi une menace pour les espèces indigènes et endémiques
des falaises de Petite-Île (prédation, compétition, dispersion des EEE, transmission de pathogènes).

Le Merle de Maurice

 (Pycnonotus jocosus)

La Couleuvre loup

 (Lycodon aulicus)

Le Martin triste

 (Acridotheres tristis)

L’Agame des colons

 (Agama agama)

Le Gecko vert poussière d’or

 (Phelsuma laticauda)

L’Agama arlequin

 (Calotes versicolor)

Le grand Gecko vert de Madagascar

 (Phelsuma grandis)

L’Endormi

 (Furcifer pardalis)

Toutes les espèces de reptiles représentées ci-dessus ne sont pas toutes recensées sur le site d’intervention mais elles représentent une réelle menace pour le Gecko vert de Manapany. Une veille particulière est portée à l’encontre de ces espèces. Si l’une d’entre elle est observée à proximité ou dans les populations de Gecko vert de Manapany, des actions de lutte rapide devront être entreprises.

Les moyens de lutte

Des prototypes de cages-pièges avec appâts (fruits) ont été conçus et sont testés sur site pour le contrôle des oiseaux, en concertation avec NOI et les autres acteurs impliqués dans la lutte contre ces espèces.

Des campagnes de tir à la carabine sont également mises en place pour lutter contre le Merle Maurice. Les sessions sont réalisées et programmées en fonction des conditions météorologiques et des disponibilités des différents partenaires. Elles sont coordonnées par la Fédération de chasse ou de la louveterie conformément à l’arrêté de lutte obligatoire contre le Merle Maurice (Arrêté préfectoral 2023-608). Des sessions de tir pourront également être organisées contre les reptiles.

Les actions de luttes seront concentrées pendant l’hiver austral, période pendant laquelle les geckos se situent majoritairement dans la canopée pour s’insoler, les rendant ainsi plus vulnérables aux attaques aériennes.

Pour plus d’infos concernant les espèces, les actions de conservations et de lutte, rendez-vous sur les sites de la SEOR, NOI, GEIR, CDL, CBNM.